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C’est un adulte qui m’a fait fumer mon premier joint de haschisch. Un homme d’une quarantaine d’années qui aimait les petites jeunes. J’avais 15 ans. Je n’ai rien senti la première fois. C’est un drôle de phénomène, le premier joint qui n’agit pas. Cela revient souvent dans les partages. Au deuxième joint, j’étais accro. J’avais toujours eu du mal à me faire des amis, instantanément je faisais partie d’un groupe à l’école secondaire : les « freaks ». Je ne savais même pas ce que ça voulait dire, mais j’en étais fière. Très rapidement, il me fallait fumer tous les jours. Je finançais cette opération en faisant du pouce et en acceptant les avances des hommes qui me prenaient. Puisque je ne faisais que des pipes, j’étais convaincue que mes activités ne constituaient pas la prostitution. J’ai continué ainsi tout le long de mon deuxième cycle de secondaire.
Quelques années plus tard, au CEGEP, je me suis promis de ne plus aller en classe « gelée ». Deux semaines plus tard, assise sur les marches de secours à fumer un joint avec des élèves aussi perdus que moi, j’ai réalisé que j’avais un problème.
J’ai eu des soubresauts de bon sens dans la vingtaine, réussissant même à coller 3 ans sans fumer. Malheureusement, sans aide pour comprendre ma compulsion à consommer du THC, mon état émotif allait du désespoir à l’euphorie, sans stabilité au milieu. Je ne suis pas bipolaire, mais des années à gérer mes émotions avec la marijuana m’ont laissée vulnérable et sans outil pour faire face aux défis de la vie.
La trentaine m’a mené au fond du baril. J’ai passé 8 ans à conduire un taxi parce que je pouvais fumer en travaillant. Esclave de la marijuana, je devais fumer un joint aux 2 heures. Gare à toi si tu me rencontrais entre la deuxième et la troisième heure. Mon agressivité et mon manque de contrôle ont eu comme résultat des accusations de voies de faits et plusieurs visites devant le juge. Heureusement, je m’en suis sortie sans dossier criminel.
Je ne veux pas détailler ma descente aux enfers. La petite fille de 12 ans, pour des raisons qui n’ont pas vraiment d’importance, est devenue une femme de 40 ans complètement battue par l’herbe d’apparence innocente qu’on appelle marijuana.
Enfin, je suis allée à mon premier meeting de Marijuana Anonyme. J’avais été conditionnée à croire qu’il était impossible de devenir accro à la marijuana. Malgré des preuves substantielles s’échelonnant sur plus de 2 décennies, je n’en revenais d’apprendre que je n’étais pas seule. Le cannabis n’est plus une herbe inoffensive que les hippie fumaient en groupe parce que le «high» ne rend pas agressif comme à l’alcool. La marijuana que nous fumons est le produit de modifications génétiques importantes et constantes visant à augmenter le contenu en THC.
Si tu lis ces lignes en te demandant si tu es fou de croire que la marijuana est en train de gâcher ta vie, je suis là pour te dire de faire bien attention. Il y a un test qui s’appelle Les 12 questions de Marijuana Anonyme qui t’aideront à déterminer par toi-même si tu es un toxicomane de la Marijuana.
Beaucoup de jeunes qui essaient la marijuana décrochent avant d’atteindre 25 ans. Mais un pourcentage de plus en plus élevé n’arrive pas à décrocher même quand ils essaient. Cette observation est empirique et est énoncée à cause du nombre de plus en plus grand de jeunes qui arrivent au meeting complètement bouleversés de voir qu’ils sont accros. Ceux qui restent accrochés fument de plus en plus, le reste de leur vie. Beaucoup se suicident, d’autres se retrouvent en prison. Richard M., père de deux petites fillettes, usager quotidien, retrouvé pendu dans son nouvel appartement. Reynald F., usager quotidien, retrouvé pendu à un arbre de l’île Sainte-Hélène. Roger R., passe 4 ans en prison pour tentative de meurtre sur un policier l’ayant trop harcelé 4 jours après qu’il ait arrêté de fumer. Est-ce que ces personnes fumaient parce qu’elles étaient dépressives et agressives? Est-ce la marijuana a causé cette infinie misère. C’est l’histoire de l’œuf et de la poule…
Pour ma part, à 40 ans, j’étais battue. Je n’ai pas attendu de retomber. J’ai accepté toutes les suggestions, j’ai trouvé une marraine. Je me suis mise à pratique les principes spirituels révélés par les douze étapes. Je suis devenue rigoureusement honnête, plus courageuse et plus persévérante. J’accepte maintenant la vie comme elle vient et pas comme je voudrais qu’elle soit. Je m’intéresse aux questions de foi et de philosophie. Je me suis mariée et j’ai eu deux enfants avant de devenir trop vieille pour réaliser mon rêve d’avoir une famille bien à moi.
Quelquefois je suis heureuse, quelquefois malheureuse. J’accepte les deux en sachant que tout passe, et je suis reconnaissante de vivre sans marijuana, un jour à la fois.
-Veronique. A-
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